vendredi 10 mai 2013

Jour 33. La chapelle italienne et le tombeau de l’aigle


Ce matin, nous avions prévu explorer une petite île accessible à marée basse, mais nous devons revoir nos plans; le vent s’est levé cette nuit et le mercure a chuté considérablement. La journée s’annonce éprouvante au point vu météo.

Nous décidons de visiter un centre sur l’histoire des Vikings aux îles Orcades, une recommandation de notre guide. Nous ne trouvons pas d’indication sur la route. Finalement, nous trouvons cette petite cabane au milieu de nulle part. Il n’y a pas de lumière. Il n’y a personne à l’intérieur. Il faut soi-même ouvrir les lumières et faire la visite…

Après, un bref arrêt à la plage. Regardez ce sable! Comme ça doit être agréable quand il fait chaud et qu'il ne vente pas.



Nous prenons ensuite la route pour le tombeau de l’aigle, tout au sud de la partie est de l’île principale. À mi-chemin, nous arrêtons quelques minutes à la Chapelle italienne. Durant la Seconde Guerre mondiale, des prisonniers italiens étaient retenus sur cette partie de l’île. Ils ont transformé cette baraque en chapelle à partir de divers matériaux qu’ils ont trouvés sur le campement.


Extrait du journal d’Adrien :
« Quand je passais sur un pont, j’ai vu de très grosses épaves de bateau. Un peu plus loin, je suis entré dans une chapelle faites par des prisonniers italiens. Je la trouve très belle avec ces gravures. Les Italiens vivaient dans des maisons et étaient nourris, alors leur ont fait construire un pont entre les petites îles. »

Il faut savoir que les îles Orcades étaient un point stratégique important pour la marine britannique, qui abritait bon nombre de navires. Au grand désespoir de Clément, nous n’avons pas eu la chance de visiter le musée de Scapa Flow situé sur une île au sud de l’île principale. Nous soupçonnons que la proximité du pétrole pour l’approvisionnement des bateaux explique l’emplacement de la base navale. Comme le souligne Adrien, dans la mer autour de cette partie de l’île, on aperçoit de nombreuses épaves.


Le temps est toujours aussi mauvais lorsque nous arrivons au tombeau de l’aigle. Après un maigre goûter dans la voiture, nous amorçons la visite. Bien au chaud dans le bureau d’accueil, une dame fort sympathique et dynamique nous fait découvrir l’univers de l’homme à l’ère du néolithique au travers les divers objets trouvés dans le tombeau. Les enfants ont même la chance de tenir ce crâne authentique – pas une copie – qui date de 5000 ans. Jock, c’est son petit nom, nous dit la dame!



Les tombeaux, comme celui que nous avons visité hier et celui-ci, n’étaient pas pour une seule personne, mais plutôt, semble-t-il, pour tous les morts au fil du temps d’une même famille ou d’un même clan. Les corps n’étaient pas non plus laissés dans les tombeaux dès le décès. Les ossements étaient placés, pense-t-on, une fois le corps décomposé. Comment le sait-on? Parce que les ossements des différentes parties du corps étaient placés dans diverses chambres. Par exemple, dans une chambre, on ne retrouvait que des crânes. De plus, ce ne sont pas tous les os du corps qu’on a retrouvés dans ces tombeaux, mais seulement certaines parties spécifiques du squelette.

Alors, pourquoi le nom du Tombeau de l’aigle? La dame nous explique qu’ils ont choisi ce nom parce que diverses évidences nous laissent à penser que les corps étaient laissés à l’air libre pour se décomposer, et les aigles se seraient probablement nourris des dépouilles. Loin de s’en offusquer, il semble que les habitants de cette région les vénéraient pour cette raison, pensant peut-être qu’une partie de leurs ancêtres vivaient à l’intérieur de ces grands oiseaux.




Après cette discussion fort instructive, nous laissons ce petit havre de chaleur pour nous diriger vers la falaise où se trouve le tombeau. Tout comme pour le musée, nous sommes seuls au tombeau de l’aigle. Les enfants se sentent comme de vrais aventuriers. Pour pénétrer le tombeau, il faut s’allonger sur un chariot et se faire rouler à l’aide d’une corde. À l’intérieur, nous imaginons divers amas d’ossements. Aussi, contrairement au tombeau de Maeshowe visité hier, nous pouvons pénétrer l’une des chambres latérales. À quatre pattes, nous nous faufilons tous les cinq, bien qu’elle ne soit pas plus grande qu’une garde-robe…



Extrait du journal de Clément :
« C’est que j’ai trouvé amusant, c’est que pour rentrer dans le tombeau, il fallait utiliser une petite planche à roulettes, car c’était trop bas. Dans la salle des ossements, il n’y avait pas beaucoup de place. Il y avait une autre salle pareille mais on ne pouvait pas entrer. À la fin, puisque nous avons beaucoup aimé ça, papa nous a acheté des pierres d’hématite (le même matériau que certains outils trouvés dans le tombeau). »




Sur le chemin du retour, nous parcourons un sentier le long des falaises. Nous rentrons ensuite tranquillement à la maison. Il est 18 h. Nous pensons notre journée terminée, mais à notre arrivée la propriétaire du gîte nous propose de visiter sa ferme.



Quelle ferme! Plus de 400 brebis, une bonne centaine de vaches, deux chevaux, ainsi que des canards et poules, bien évidemment. Plus de 800 hectares de terre. Par chance, c’est le moment pour bon nombre de brebis de mettre au monde leurs petits agneaux. Au grand bonheur des enfants, il y en a partout! Certains n’ont plus de maman. Il faut alors leur trouver une maman d’adoption. Pas facile. C’est que les brebis refusent de nourrir un agneau qui n’est pas le leur. Ils se reconnaissent à l’odeur. Par de multiples stratagèmes, on réussit souvent à créer un nouveau lien. Une fois que l’agneau s’est nourri auprès d’une nouvelle maman pour un certain temps, il développe l’odeur de la brebis et celle-ci l’accepte alors comme son propre agneau. Mais ça ne marche pas toujours, et dans ces cas, il faut alors les nourrir au biberon.




Nous rentrons à la maison à 21 h. Nous n’avons toujours pas soupé. Tout le monde se couchera très tard ce soir!

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