Ce matin,
nous avions prévu explorer une petite île accessible à marée basse, mais nous
devons revoir nos plans; le vent s’est levé cette nuit et le mercure a chuté
considérablement. La journée s’annonce éprouvante au point vu météo.
Nous décidons
de visiter un centre sur l’histoire des Vikings aux îles Orcades, une
recommandation de notre guide. Nous ne trouvons pas d’indication sur la route.
Finalement, nous trouvons cette petite cabane au milieu de nulle part. Il n’y a
pas de lumière. Il n’y a personne à l’intérieur. Il faut soi-même ouvrir les
lumières et faire la visite…
Après, un bref arrêt à la plage. Regardez ce sable! Comme ça doit être agréable quand il fait chaud et qu'il ne vente pas.
Nous
prenons ensuite la route pour le tombeau de l’aigle, tout au sud de la partie
est de l’île principale. À mi-chemin, nous arrêtons quelques minutes à la Chapelle
italienne. Durant la Seconde Guerre mondiale, des prisonniers italiens étaient
retenus sur cette partie de l’île. Ils ont transformé cette baraque en chapelle
à partir de divers matériaux qu’ils ont trouvés sur le campement.
Extrait
du journal d’Adrien :
« Quand je passais sur un pont, j’ai
vu de très grosses épaves de bateau. Un peu plus loin, je suis entré dans une
chapelle faites par des prisonniers italiens. Je la trouve très belle avec ces
gravures. Les Italiens vivaient dans des maisons et étaient nourris, alors leur
ont fait construire un pont entre les petites îles. »
Il faut
savoir que les îles Orcades étaient un point stratégique important pour la
marine britannique, qui abritait bon nombre de navires. Au grand désespoir de
Clément, nous n’avons pas eu la chance de visiter le musée de Scapa Flow situé
sur une île au sud de l’île principale. Nous soupçonnons que la proximité du
pétrole pour l’approvisionnement des bateaux explique l’emplacement de la base
navale. Comme le souligne Adrien, dans la mer autour de cette partie de l’île, on
aperçoit de nombreuses épaves.
Le temps
est toujours aussi mauvais lorsque nous arrivons au tombeau de l’aigle. Après
un maigre goûter dans la voiture, nous amorçons la visite. Bien au chaud dans
le bureau d’accueil, une dame fort sympathique et dynamique nous fait découvrir
l’univers de l’homme à l’ère du néolithique au travers les divers objets
trouvés dans le tombeau. Les enfants ont même la chance de tenir ce crâne
authentique – pas une copie – qui date de 5000 ans. Jock, c’est son petit nom,
nous dit la dame!
Les
tombeaux, comme celui que nous avons visité hier et celui-ci, n’étaient pas
pour une seule personne, mais plutôt, semble-t-il, pour tous les morts au fil
du temps d’une même famille ou d’un même clan. Les corps n’étaient pas non plus
laissés dans les tombeaux dès le décès. Les ossements étaient placés, pense-t-on,
une fois le corps décomposé. Comment le sait-on? Parce que les ossements des
différentes parties du corps étaient placés dans diverses chambres. Par
exemple, dans une chambre, on ne retrouvait que des crânes. De plus, ce ne sont
pas tous les os du corps qu’on a retrouvés dans ces tombeaux, mais seulement
certaines parties spécifiques du squelette.
Alors,
pourquoi le nom du Tombeau de l’aigle? La dame nous explique qu’ils ont choisi
ce nom parce que diverses évidences nous laissent à penser que les corps
étaient laissés à l’air libre pour se décomposer, et les aigles se seraient
probablement nourris des dépouilles. Loin de s’en offusquer, il semble que les
habitants de cette région les vénéraient pour cette raison, pensant peut-être
qu’une partie de leurs ancêtres vivaient à l’intérieur de ces grands oiseaux.
Après
cette discussion fort instructive, nous laissons ce petit havre de chaleur pour
nous diriger vers la falaise où se trouve le tombeau. Tout comme pour le musée,
nous sommes seuls au tombeau de l’aigle. Les enfants se sentent comme de vrais
aventuriers. Pour pénétrer le tombeau, il faut s’allonger sur un chariot et se
faire rouler à l’aide d’une corde. À l’intérieur, nous imaginons divers amas
d’ossements. Aussi, contrairement au tombeau de Maeshowe visité hier, nous
pouvons pénétrer l’une des chambres latérales. À quatre pattes, nous nous
faufilons tous les cinq, bien qu’elle ne soit pas plus grande qu’une garde-robe…
Extrait
du journal de Clément :
« C’est que j’ai trouvé amusant, c’est
que pour rentrer dans le tombeau, il fallait utiliser une petite planche à
roulettes, car c’était trop bas. Dans la salle des ossements, il n’y avait pas
beaucoup de place. Il y avait une autre salle pareille mais on ne pouvait pas
entrer. À la fin, puisque nous avons beaucoup aimé ça, papa nous a acheté des
pierres d’hématite (le même matériau que certains outils trouvés dans le
tombeau). »
Sur le
chemin du retour, nous parcourons un sentier le long des falaises. Nous
rentrons ensuite tranquillement à la maison. Il est 18 h. Nous pensons
notre journée terminée, mais à notre arrivée la propriétaire du gîte nous
propose de visiter sa ferme.
Quelle
ferme! Plus de 400 brebis, une bonne centaine de vaches, deux chevaux, ainsi
que des canards et poules, bien évidemment. Plus de 800 hectares de terre. Par
chance, c’est le moment pour bon nombre de brebis de mettre au monde leurs
petits agneaux. Au grand bonheur des enfants, il y en a partout! Certains n’ont
plus de maman. Il faut alors leur trouver une maman d’adoption. Pas facile.
C’est que les brebis refusent de nourrir un agneau qui n’est pas le leur. Ils
se reconnaissent à l’odeur. Par de multiples stratagèmes, on réussit souvent à
créer un nouveau lien. Une fois que l’agneau s’est nourri auprès d’une nouvelle
maman pour un certain temps, il développe l’odeur de la brebis et celle-ci
l’accepte alors comme son propre agneau. Mais ça ne marche pas toujours, et
dans ces cas, il faut alors les nourrir au biberon.
Nous
rentrons à la maison à 21 h. Nous n’avons toujours pas soupé. Tout le
monde se couchera très tard ce soir!
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